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Une chèvre, un mouton, avec un cochon gras, Montés sur un même char, s'en allaient à la foire. Leur divertissement ne les y portait pas ; On s'en allait les vendre, à ce que dit l'histoire : Le charton n'avait pas dessein De les mener voir Tabarin. Dom pourceau criait en chemin Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses. C'était une clameur à rendre les gens sourds. Les autres animaux, créatures plus douces, Bonnes gens, s'étonnaient qu'il criât au secours; Ils ne voyaient nul mal à craindre. Le charton dit au porc :« Qu'as-tu tant à te plaindre ? Tu nous étourdis tous : que ne te tiens-tu coi? Ces deux personnes-ci, plus honnêtes que toi, Devraient t'apprendre à vivre ou du moins à te taire : Regarde ce mouton, a-t-il dit un seul mot? Il est sage. - Il est sot, Repartit le cochon : s'il savait son affaire, Il crierait, comme moi, du haut de son gosier; Et cette autre personne honnête Crierait tout du haut de sa tête. Ils pensent qu'on les veut seulement décharger, La chèvre de son lait, le mouton de sa laine: Je ne sais pas s'ils ont raison ; Mais quant à moi qui ne suis bon Qu'à manger, ma mort est certaine. Adieu mon toit et ma maison.» Dom pourceau raisonnait en subtil personnage. Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain, La plainte ni la peur ne changent le destin Et le moins prévoyant est toujours le plus sage. |
Créé le 17-01-2009 13:03:25 |